Pas de protéines, pas de cheval!

Les protéines c’est la vie ! Elles servent bien plus qu’à une simple construction musculaire. Les enzymes, les anticorps, l'hémoglobine, les récepteurs cellulaires, les cytokines et de nombreuses hormones sont tous synthétisés à partir d'acides aminés contenus dans les protéines.

Après l’eau, les protéines sont les molécules présentes en plus grande quantité dans le corps du cheval. C’est dire quelle importance il faut accorder à la qualité protéique de l’alimentation de nos équidés !

Il existe des acides aminés essentiels et non essentiels. Les acides aminés essentiels (Lysine, méthionine, isoleucine, leucine, tryptophane, histidine, phénylalanine, thréonine, valine) ne peuvent se trouver que dans l'alimentation. Si certains acides aminés essentiels manquent cela peut freiner la synthèse protéique et l’utilisation de tous les autres acides aminés.

La qualité d'une protéine est une combinaison de 2 facteurs :

  •  Comment est-elle digestible ?
  • Quel type d'acides aminés essentiels contient elle ?

 

Même si une source de protéines est très digestible, son utilité réelle sera déterminée par la manière dont elle répond aux besoins en acides aminés. Si un ou plusieurs acides aminés sont manquants pour fabriquer une protéine, certains de ces acides aminés ne seront pas utilisés et ils seront gaspillés.

Comment savoir si mon cheval manque de protéines ?

Ce que je peux constater sur le terrain (et sur les analyses de fourrages) c’est qu’une grosse partie des fourrages récoltés et des prairies pâturées ont des niveaux bas en protéines.

A force de ne manger que des fourrages de pauvre qualité, le cheval va développer petit à petit des faiblesses : manque de ligne de dos, problèmes de peau, problèmes de pieds, pathologies pulmonaires, inflammations digestives, dysfonctions métaboliques…Ces chevaux ont un appétit vorace, ils se jettent sur la nourriture mais, malgré une ingestion de foin à volonté, n’arrivent pas à rester en état ou au contraire stockent trop de gras.

Comment doit-on nourrir pour couvrir les besoins en protéines ?

C’est avant l’herbe et le fourrage qui doivent couvrir les besoins.

Faire analyser son foin permet déjà d’avoir des repères et de s’orienter ou non vers une complémentation protéique indépendante.

Le problème vient surtout des fourrages coupés tardivement qui, certes sont utiles pour baisser la valeur calorique du foin, mais qui sont aussi impactés sur leur valeur protéique.

Des sols compactés, un surpâturage, un mauvais équilibre plante/sol/animal, ne permettent pas à la faune du sol de jouer son rôle. Les racines des graminées restent en surface, sont vulnérables aux maladies, et mobilisent mal et peu les oligo-éléments pour leurs synthèses.

Ci-joint quelques moyennes sur les analyses de fourrages faites entre 2017 et 2021 (France entière+ quelques analyses en Suisse et Belgique) lors de bilans nutritionnels :

 

 

 

Teneur moyenne en Matières Azotées Totales (gr/kg de MS)

Teneur moyenne en Lysine (gr/kg MS)

2017

59.7

2.03

2018

78.8

2.67

2019

71.32

2.42

2020

74.47

2.53

2021

70.53

2.39

MOYENNE

72.3

2.45

 

Si on prend les besoins en lysine d’un cheval de 500 kg en fonction de son travail, voici ce qu’un foin moyen donne en apports pour 10-13 kg de MS/ jour : 24 à 32 gr de lysine/jour

Cheval 500 kg

Besoins en lysine (gr/jour)

Repos

24 gr

Travail très léger

35 gr

Travail léger

47 gr

Travail modéré

51 gr

 

Dès lors qu’un cheval a une pathologie (hors problèmes de reins ou de foie), qu’il vit et bouge en extérieur, qu’il travaille un peu, qu’il grandit ou fabrique du muscle, un foin pauvre en protéines ne sera pas suffisant pour couvrir les besoins.

 

Quelle protéine rajouter ? Tourteau de soja, graines de lin, luzerne sont des sources protéiques faciles à trouver. Mais leur utilisation doit être réfléchie dans le cadre d’une ration optimisée car elles ne contiennent pas les mêmes teneurs en acides aminés.

 

Teneur en lysine gr/kg

Tourteau de soja 48

27.8 gr

Tourteau de lin

11.7 gr

Graine de soja toastée

21.8 gr

Graines de lin extrudées

7.2 gr

Luzerne déshydratée

7.2 gr

 

 

Le cheval gras, obèse ou fourbu :

Ces chevaux ont en général un régime alimentaire très surveillé en sucres+amidon. Le foin est souvent rationné ou trempé dans l’eau afin de réduire l’apport calorique. Cela peut entraîner aussi une baisse des apports en protéines qui les prédisposent à des fragilités digestives. Ils vont tout faire pour maintenir leur masse musculaire mais certaines fabrications d’enzymes ou voies métaboliques ne seront plus prioritaires pour le corps.

Apporter un juste niveau de protéines sur les chevaux en surpoids peut les aider à maintenir une santé optimale.

Le cheval malade :

Reconstruire des tissus après une maladie (infection, parasitisme…) nécessite des apports protéiques adaptés. Il faut rehausser les apports dans ces cas-là.

Le vieux cheval :

La mauvaise mastication peut être la première cause d'une pauvre utilisation de la protéine chez le vieux cheval. C'est pour cette raison que les vieux chevaux se maintiennent mieux au pâturage car l'herbe est plus facile à mâcher et plus facilement accessible aux enzymes.

Utiliser des bouchons de foin pour nourrir les chevaux ayant des problèmes de dents est une bonne solution mais il est nécessaire de rajouter soit de la lysine soit une protéine de bonne qualité.

Chevaux ayant des problèmes de foie :

Les chevaux ayant un problème de foie sont les plus difficiles à gérer nutritionnellement, car le foie un rôle clé dans le traitement des nutriments, en particulier des protéines.

Si le foie est malade, il ne peut pas éliminer les excès de protéines c'est à cet endroit qu'il est censé convertir l'ammoniac en urée. Il s'accumule dans le sang et provoque des symptômes au niveau du système nerveux central.

Dans ce cas, il ne faut ni excéder ni carencer les besoins car des apports trop faibles peuvent altérer aussi l'immunité.

 

 

Les protéines, c’est comme tout dans la vie, elles sont essentielles mais elles s’utilisent de manière réfléchie !